Sir Liptonn, puisqu'il sera question de ce personnage dans ce bref article, est un aventurier britannique d'origine hollandaise ou vice versa. Il est difficile de suivre la jeunesse du tendron Nicholas Liptonn. Né en Hollande, il...

... migre en terre des Angles dès l'adolescence dans le sillage de son père et de la camerière de la famille. Le terme camérière noye une fois de plus les origines de la famille Lipton dans le maelström européen (notons que des sources prénomment le père Liptonn Charles-Heinrich).
Le jeune Liptonn mène une vie modeste et agréable sur les plages de Brighton qui n'étaient pas encore souillée de pétrole. Très vite Liptonn ressent l'appel de la mer: sans doute pour combler le manque de la sienne. Ainsi, à l'âge de seize ans, il commence la construction de son premier navire, baptisé Caroline, un fameux un mât hissé haut. Même trop haut puisque son chantier naval se trouve dans le jardin familial sur les falaises. Le navire fut construit mais jamais mis en eau faute d'accès à la mer et ne sera occupé que par des rats abrutis attendant le chargement d'une invraisemblable cargaison pour faire ripaille. Ce voilier fit tout de même parler de lui bien des années plus tard lorsqu'une tempête le mit fortuitement à la mer. La navire erra sur les côtes tel un bateau fantôme, c'est ainsi que les rats idiots du Caroline firent frémir la baie d'ici.
Devant cet échec et les moqueries inhérentes, Liptonn décida de s'engager dans la marine marchande et de tenter l'aventure en Océan Indien. Il fut engagé par un capitaine grec en escale a New Haven. Ses premiers mois de marin se firent sans vague puisque le bateau restera à quai dix mois d'affilée en attente d'un chargement de bouteilles Dewar. A cet époque Liptonn découvre les plaisirs du marin au port et fut comme tout bon navigateur grec, un bon mousse à quai.
Ses débuts en mer Indienne sont peu connus mais nous retrouvons ses traces en tant qu'entrepreneur fortuné, dans les mémoires de Ching Shih. Sir Lipton fut donc marchand et trafiquant s'il le fallait. La découverte de la gomme caoutchouc et l'invention de l'élastique seraient à la base de sa fortune. Nous le retrouvons même marié à une certaine Saskia fille d'un promoteur immobilier hollandais qui avait fait fortune grâce à l'irruption volcanique du Colo qui avait grandi de manière significative la surface habitable de l'île de Una-Una qu'il venait d'acheter (comme quoi le volcanisme peut être un moteur plus intéressant que la spéculation en matière d'immobilier). Cependant, Liptonn ne renoncera jamais à sa vie de marin au port et mènera donc une vie de dandy en mer indienne.
Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes quand The Gem Manufacturing Company décida de commercialiser le trombone métallique. Le concurrent de l'élastique se fit rapidement une place importante dans la cohésion des papiers. La fortune de Liptonn disparue, il ne lui resta bientôt plus qu'un domaine agricole en Inde et un tripot à Guangzhou dans lequel sa femme dirigeait un cabinet de voyance. Saskia devint connue dans toute l'Asie comme la célébre Frau mage de Hollande. Quand à Liptonn, il finit le reste de sa vie à se demander que faire du thé produit par sa plantation. N'ayant plus les moyens d'affréter un bateau pour acheminer sa production aux quatres coins du mondes, il eu l'idée d'emballer les feuilles dans de petites pochettes qui pourraient être livrées par voie postale. Les chemins de courrier étant à cette époque chaotiques, les feuilles arrivaient à leur destinataire perpétuellement émiettées. Ainsi le thé en sachet fut inventé, la couleur jaune du sachet protecteur étant une référence à la couleur de l'enveloppe.
Notons ici que la ficelle avec le bout de carton qui tombe dans la tasse quand nous versons l'eau ne fut pas une découverte de Liptonn mais sans doute un sabotage honteux d'un de ses concurrents quelques années plus tard.