Bienvenu à cette deuxième cérémonie des prix littéraires CarphaRnahoMme. Après les polémiques, les propos injurieux et la lettre de menace (notamment d'un certain Mr Trésor Public, qui nous intime de lui donner 560€) que nous avons reçu suite à la remise du premier CaphaRnahoMme prix du roman avec le plus de pages, nous avons décidé de durcir nos critères de sélection. La science va faire rage dans le hydraucéphalique microcosme des prix littéraires.
Aujourd'hui, sous vos pupilles dilatées par tant d'émotions, dans la moiteur dégagée par vos paumes écorchées par vos ongles recroquevillés tels des spaghettis trop cuits tombés sur le carrelage rugueux d'une cuisine d'un pavillon de province par une nuit de Novembre, pas trop nuageuse, qui laisse apercevoir au loin, au-dessus du moulin où jadis un meunier ravagé par l'alcool à pendu son chien, la galaxie spirale NGC 4622 de la constellation du Centaure, qui vu d'ici ressemble plus à un suppositoire déjeté, nous allons remettre le premier prix CaphaRnahoMme du meilleur roman avec une couverture blanche.
Les cinq nominés sont:
Le sel de Jean Baptiste Del Amo édité par Gallimard
Halte à Yalta de Emmanuel Ruben publié par JBZ et Cie
Jean est là-Bas de Christine Vigneron aux éditions Arléa
Le Ciel, Hassan II et maman France de Mohamed Hmoudane publié aux éditions de la différence
Jardin d'hiver de Thierry Dancourt publié chez la Table Ronde
Alors comment le jury a-t-il déterminé quelle couverture était la plus blanche. Grâce à l'informatique, chaque couverture a été soigneusement scannée avant d'être analysée grâce au logiciel libre (et gratuit) ImageJ.
Les résultats sont les suivants:
Ce qui donne en pourcentage de surface pour la couleur blanche:
Le sel: 53,94%
Halte à Yalta: 0%
Jean est là-bas: 70,52%
Le ciel Hassan II et maman: 0,0002%
Jardin d'hiver: 61,51%
Le classement aurait pu être simple, mais bien évidemment chacun a voulu faire son malin et éprouver la pertinence du modèle de sélection adopté. En effet, certains ont argué que la couverture blanche était une impression générale sur tout la surface et non une juxtapostion ou supposition de pixel blanc, d'autres ont carrément accusé la qualité des images analysées.
Devant ce nouveau tollé, nous avons proposé de calculer le contraste moyen de chaque couverture. Les résultats furent les suivant:
Le sel: 247
Halte à Yalta: 131
Jean est là-bas: 251
Le ciel Hassan II et maman: 245
Jardin d'hiver: 232
255 représente le blanc, 0 le noir, les chiffres intermédiaires des niveaux de gris du plus clair au plus foncé. La encore Jean est là-bas domine. Tandis nous dis-je, la réunion est terminée, passons aux petits fours! Encore une fois, la révolte gronde. L'année prochaine, nous recruterons un CRS, en espérant qu'il soit de notre côté. Les arguments cette fois-ci prirent de la hauteur:
oui alors maintenant, si nous jugeons selon une moyenne, alors la Joconde n'est rien d'autre qu'une sorte de gris terne. Nous rétorquâmes que ceci était faux: la Joconde fait en moyenne 60, ce qui correspond à un gris très foncé. Mais le jury n'était pas calmé, sans doute encore l'influence d'un rhum arrangé des plus explosifs qui avait accompagné le dernier café calva de la pause de dix heures. .
« Jugeons l'étendu des couleurs! » décidèrent-ils. Nous nous exécutâmes ce qui est toujours plus favorable que de l'être.
Le sel: 95-255
Halte à Yalta: 77-255
Jean est là-bas: 73-255
Le ciel Hassan II et maman: 90-255
Jardin d'hiver: 37-255
Cette rapide analyse nous montrait alors que Jean est là-bas possédait un pixel à 73 ce qui représente une couleur foncée que sa moyenne estompée ou son score maximal estompé.
Muni, de toutes ces informations, le jury continua le débat. Halte à Yalta fut finalement éliminé sous prétexte qu'il ne comportait nul part la moindre trace de blanc. Idem pour Le ciel Hassan II et maman dont le blanc subtilement cassé n'a pas résisté à l'analyse informatique, mais c'était bien essayé de la part de l'éditeur.
Après quelques heures de discussion, l'heure de l'apéritif approchant à une allure de cycliste professionnel dans une col de haute montage hâtait (qui a dit baclait) la conclusion.
Le caphard d'or du meilleur roman avec une couverture blanche 2010 est attribué à:
DOMINIQUE SENTIS pour son RECUEIL de pensée: FIEL DE TRAINE.
Ce n'est pas un roman, la couverture n'est pas d'un blanc évident, quoique de restreinte à la gamme 96-255 qui en fait d'un cheveu la palette de teintes la plus claire pour une couverture, mais Dominique est un copain.